Sur le temps qui passe dans l’atelier…

Trouvez-vous que le temps passe trop vite ?

La sensation du temps qui passe est parfois étrange.
Quand je peins le 1er jour d'un tableau et que le travail se déroule bien, alors, là, le temps défile à toute vitesse. Je ne le vois pas passer, je ne perçois pas la durée. Je me sens comme enivrée.
Et pourtant je finis quand même par me sentir agacée ! Pourquoi est-il passé si vite ? J'aimerai bien enchaîner un 2ème tableau dans la foulée de cet élan inattendu. Tout fonctionne tellement bien aujourd'hui. Comment faire pour que ça se passe toujours comme ça ?

Le 2e jour de travail d’un tableau, c’est celui où il faut reprendre le 1er jet pour le corriger, le compléter, l'approfondir. Chu Teh-Chun est un artiste franco-chinois peu connu du grand public que j'ai découvert il y a quelques années dans une exposition parisienne. A l'époque, il y avait une formidable vidéo youtube sur son travail (que je ne retrouve plus c'est bien dommage). J'avais particulièrement aimé la comparaison qu'il faisait sur son travail de peintre et sur celui de l'écrivain.
Un tableau se construit comme un livre, dans un élan, un souffle et puis ensuite, il faut le reprendre, le peaufiner.

Comme l'écrivain qui n'a plus d'inspiration, parfois, je passe des heures assise dans mon atelier à regarder une peinture. A chercher ce qui ne va pas, ce que je pourrai faire pour l'améliorer. Et quand le soir se pointe dans l'atelier, je m'aperçois que je suis toujours là, assise, à scruter inlassablement ce fichu tableau. Alors je me dis que, finalement, le temps est passé et je n'ai pas fait grand chose aujourd'hui.
Alors je culpabilise un peu. Et puis j'essaie de me rassurer : ça aurait pu être pire ma vieille : tu aurais pu faire plein de retouches et tout massacrer !

Un jour, je me suis dis que ce serait bien d'avoir la photo "Avant" modification. Pour vérifier que je ne perds pas mon temps. Je me suis mise à prendre une photo le matin avant de travailler et puis le soir, après avoir modifié le tableau. Honnêtement, le lendemain, quand je regarde les 2 photos (avant et après), je suis souvent dépitée. Mais heureusement, parfois aussi, je découvre que ce temps que je percevais comme perdu, en valait vraiment la peine !

Le temps ne passe ni vraiment vite, ni vraiment lentement. Il passe toujours à la même vitesse et c’est bien nous qui le percevons différemment selon ce que l'on vit, selon l’intérêt qu’on lui porte. En fin de compte, un temps rapide n’est pas forcément excitant et un temps lent pas toujours ennuyeux.

Dans mon atelier aussi, le temps passe…

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