Anne Bironneau Anne Bironneau

Il va encore falloir trouver un titre !

Il fut un temps où donner un titre à mes tableaux m'agaçait beaucoup.

J'ai testé un temps des titres du genre Divagation abstraite n°1, 2,3,... C'était simple et sans efforts !

J'aime bien "Divagation abstraite n° 54", tu la vends combien ? Heu ?

Le problème c'est que c'est impossible de mémoriser ainsi ses tableaux et en plus, c'est vite la galère de les référencer sans se tromper !

Comment trouver un titre pour une image abstraite ?
Un titre pour être capable de répondre sans avoir à consulter sa paperasse ?

Donner un titre en lien avec la couleur, le mouvement, la sensation etc... Ok, ça peut fonctionner mais si je titre "bleu" tous mes tableaux bleus, ça ne va pas le faire !

Au début quand je n'y arrivais pas, je demandais à mes proches. Et puis, ils se sont vite lassés ! Aujourd'hui je me contente de valider mes trouvailles avec eux, de vérifier que ça "colle" avec l'image abstraite.

Aujourd'hui encore, je n'arrive pas toujours à donner un titre qui me permette à coup sûre de me souvenir du tableau correspondant, mais je me suis grandement améliorée !

Et en fait, chercher un titre m'amuse de plus en plus et devient de plus en plus important dans mon travail.

Parfois le titre est une évidence ! La plupart du temps, il faut que je me creuse la tête pour le trouver. Parfois il n'ajoute rien finalement. Mais de plus en plus souvent, il indique quelque chose de plus que l'image elle-même

Et vu sous cet angle, trouver un bon titre, ça devient vraiment intéressant !

Un titre qui se contente de décrire ce qu'il y a sur le tableau n'est pas très pertinent pour moi car si je propose une image abstraite c'est justement pour ne pas imposer l'interprétation que je peux en faire.

Alors je cherche des mots, des petites phrases, je regarde dans les poésies, les textes de chansons...

Parfois, c'est juste une sensation que je ne m'explique pas trop.

Parfois c'est lié à un élément secondaire que je visualise dans le tableau. Cet élément peut même avoir disparu en cours d’exécution mais il a été tellement important dans ma construction qu'il me parait indispensable de le laisser dans le titre. Comme pour le laisser présent malgré tout...

Parfois, en cherchant le titre, je me surprend à découvrir que mon tableau dit autre chose que ce que je soupçonnais.

Un titre à l'apparence farfelu me permet de rajouter une histoire.

Pour "Etang du chevalier Guignette"…

il y a eu d'abord la sensation d'eau, d'un étang ou une mare. Et puis j'ai vu un oiseau qui nage dans l'eau. Bizarre. En cherchant sur le web, le moteur de recherche m'a affiché des oiseaux qui vivent au bord de l'eau, et l'un d'eux lui ressemblait, le chevalier guignette. Un petit échassier commun au drôle de nom. En fait, ces oiseaux ont des capteurs tactiles dans le bec qu'ils utilisent pour repérer leur proie. Ils sont souvent nommés "chevalier" en référence à leur devoir de combattant, il existe aussi le chevalier aboyeur, le chevalier arlequin, le chevalier cul-blanc, le chevalier gambette ! Et "guignette" ? Ce serait une sorte de serpette. On peut aussi penser à guigne, cette poisse qui parfois nous colle à la peau !

Quand j'ai visité ma nouvelle maison (quelques mois avant de faire ce tableau), il y avait une mare dans laquelle il y avait des poissons qui se seraient fait engloutir par des oiseaux échassiers aperçus par le propriétaire. Le rapport avec cette histoire là ? Allez savoir ...

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Anne Bironneau Anne Bironneau

Obey, un artiste militant

Je suis allée voir l'exposition d'"Obey" et j'ai eu un coup de coeur.

Comme j'avais prévu un stage de portrait Popart en ce début de juin, je me suis précipité à l'exposition de Shepard Fairey à l'ancien musée Guimet de Lyon. (28 Bd des Belges à Lyon, jusqu'au 9 juillet).

Vous me direz que cet artiste est plutôt "streetart" que "popart". Moi je le trouvais esthétiquement plus proche du popart. Cette expo m'a confirmé qu'il a bien été très influencé par l'esthétique de ce mouvement. Mais elle m'a confirmé aussi à quel point je ne savais rien de son travail.
Maintenant, je vais plutôt le classer en "street art" car il a beaucoup oeuvré dans la rue. Et puis il est tout de même beaucoup plus "militant" que les artistes du pop-art.

Je suis d'ailleurs assez perplexe quand je lis que les artistes du popart ont milité contre les excès de la société de consommation, alors qu'ils en ont surtout tellement profité ! En particulier celui que l'on considère comme le chef de file, Warhol, qui n'a jamais caché que son but principal était de devenir très célèbre et de gagner beaucoup de billets verts ! J'ai plutôt l'impression que son travail a largement milité en faveur du rêve américain et de la société capitaliste que l'inverse !

Mais je referme cette parenthèse car j'ai conscience que militer n'est pas facile.
D'abord, c'est difficile d'éviter les paradoxes. Des écolos qui fument 3 paquets de clops, ou des végétariens qui ont 3 chats chez eux et participent à leur multiplication, ça existe ! Un artiste qui milite contre le système capitaliste et qui gagne beaucoup d'argent grâce à ce système, c'est un peu inévitable s'il est bon dans ce qu'il fait. Tout le long de l'expo, on nous dit que Shepard Fairey reverse beaucoup aux associations, comme pour l'excuser de ce succès...Sans doute pour nous dire qu'il ne fait pas ça pour l'argent.
Peu m'importe. Car si c'est un bon militant, pour qu'il soit "entendu" il est important qu'il ait du succès et qu'il soit reconnu et du coup logique qu'il gagne bien sa vie.
Shepard Fairey est un bon militant.
Même si il soutient un candidat comme Obama, il n'oublie pas de le critiquer un peu plus tard...
Ces images sont des "punchlines" même si on ne les interprète pas toujours au premier abord comme il faut.
Même si, il est possible de lire le message contraire à celui exprimé.
Le paradoxe est toujours là mais dans l'ensemble c'est plutôt très efficace.
Son parcours et ses recherches artistiques tournent toujours autour de la desinformation et de la deshumanisation de notre société. C'est un parcours artistique qui l'a amené à devenir un militant pacifiste et écologique.
Alors forcément ça me parle.
Car en plus de tout ça, c'est bien réalisé et c'est beau. Et moi, j'aime toujours cet art là, celui qui est beau ! Qu'on peut apprécier sans rien y comprendre, juste parce qu'on trouve ça beau.

Alors quelque soit vos opinions, courrez-voir cette exposition. Parce qu'elle est belle, parce qu'elle vous fera réfléchir et parce que Shepard nous incite à "ouvrir les yeux" !

Enfin, il y a une 2ème très bonne raison d'aller voir cette exposition : le lieu.

Car il surprend, ce lieu. La salle m'a paru immense, tellement différente de mes souvenirs. C'est que là, autrefois, il y avait la galerie des animaux, c'était chargé de vitrines. Aujourd'hui ça a l'allure d'un site abandonné, conservé dans son jus. Le rêve pour exposer ! En tout cas, ça colle tellement bien à cet artiste militant et tellement productif !

J'espère sincèrement que ce vieux musée ne va pas rester abandonné et disparaitre !

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Anne Bironneau Anne Bironneau

Sur le temps qui passe dans l’atelier…

Trouvez-vous que le temps passe trop vite ?

La sensation du temps qui passe est parfois étrange.
Quand je peins le 1er jour d'un tableau et que le travail se déroule bien, alors, là, le temps défile à toute vitesse. Je ne le vois pas passer, je ne perçois pas la durée. Je me sens comme enivrée.
Et pourtant je finis quand même par me sentir agacée ! Pourquoi est-il passé si vite ? J'aimerai bien enchaîner un 2ème tableau dans la foulée de cet élan inattendu. Tout fonctionne tellement bien aujourd'hui. Comment faire pour que ça se passe toujours comme ça ?

Le 2e jour de travail d’un tableau, c’est celui où il faut reprendre le 1er jet pour le corriger, le compléter, l'approfondir. Chu Teh-Chun est un artiste franco-chinois peu connu du grand public que j'ai découvert il y a quelques années dans une exposition parisienne. A l'époque, il y avait une formidable vidéo youtube sur son travail (que je ne retrouve plus c'est bien dommage). J'avais particulièrement aimé la comparaison qu'il faisait sur son travail de peintre et sur celui de l'écrivain.
Un tableau se construit comme un livre, dans un élan, un souffle et puis ensuite, il faut le reprendre, le peaufiner.

Comme l'écrivain qui n'a plus d'inspiration, parfois, je passe des heures assise dans mon atelier à regarder une peinture. A chercher ce qui ne va pas, ce que je pourrai faire pour l'améliorer. Et quand le soir se pointe dans l'atelier, je m'aperçois que je suis toujours là, assise, à scruter inlassablement ce fichu tableau. Alors je me dis que, finalement, le temps est passé et je n'ai pas fait grand chose aujourd'hui.
Alors je culpabilise un peu. Et puis j'essaie de me rassurer : ça aurait pu être pire ma vieille : tu aurais pu faire plein de retouches et tout massacrer !

Un jour, je me suis dis que ce serait bien d'avoir la photo "Avant" modification. Pour vérifier que je ne perds pas mon temps. Je me suis mise à prendre une photo le matin avant de travailler et puis le soir, après avoir modifié le tableau. Honnêtement, le lendemain, quand je regarde les 2 photos (avant et après), je suis souvent dépitée. Mais heureusement, parfois aussi, je découvre que ce temps que je percevais comme perdu, en valait vraiment la peine !

Le temps ne passe ni vraiment vite, ni vraiment lentement. Il passe toujours à la même vitesse et c’est bien nous qui le percevons différemment selon ce que l'on vit, selon l’intérêt qu’on lui porte. En fin de compte, un temps rapide n’est pas forcément excitant et un temps lent pas toujours ennuyeux.

Dans mon atelier aussi, le temps passe…

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Anne Bironneau Anne Bironneau

Vieira Da Silva et ses réseaux de fils

Je suis allée visiter l'exposition de Maria Helena Vieira Da Silva à Dijon.

Un mercredi matin. Il n'y avait presque personne dans les salles.

Oui, une exposition magnifique sans foule, c'est encore possible !

Je connaissais le travail de Vieira Da Silva à travers les livres et quelques oeuvres vues ça et là dans quelques musées. Je l'ai évidemment toujours trouvé inspirant et il m'influence depuis longtemps. Alors forcément, le voir pour de vrai dans un cadre comme celui du splendide musée de Dijon, c'est un réel bonheur. Je me suis régalée.

Vieira da Silva est une artiste franco-portugaise trop méconnue du grand public. Après des études à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Lisbonne, elle étudie la sculpture à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris où elle épouse l’artiste Arpad Szenes. En 1940, le couple s’exile au Brésil pour revenir en France en 1947.

Plus célèbre que son époux tout en abordant une peinture abstraite inspirée par des thèmes tels que les bibliothèques, villes, labyrinthes, filets, grilles... On est bien loin des clichés et de ces sujets communément attribués aux femmes peintres (enfance, féminité, fleurs...). Un tel parcours artistique dans les années 50, ça m'impressionne beaucoup.

Ce que j'ai préféré dans cette exposition, ce sont les villes. Ces enchevêtrements de lignes qui structurent la plupart des compositions sont fascinants.

Au premier abord, on est tenté de voir d'abord de la perspective. La peinture de Viera Da Silva se situe après le cubisme. On pense du coup à un prolongement de toutes ces recherches qui ont eu pour objectif de remettre en cause la perspective linéaire.

Elle creuse inlassablement l'espace et modifie les codes de la perspective : on ne sait plus si on regarde par le dessus ou par le dessous, on ne sait plus si c'est de face où sur le côté.

Pour moi pourtant, ce n'est pas la perspective qui saute aux yeux.

Plutôt un réseau de fils. Qui donne parfois l'impression d'être construit selon un savant calcul de lignes symétriques. Cela me fait alors penser au motif de la grille, à la trame d'un tissus. Je vois des façades organisées en de multiples fenêtres.

La subtilité de ces compositions et la finesse de sa peinture pourrait être rapprochée du travail d'une dentelière. Les origines portugaises de Vieira sont bien présentent dans sa peinture. On vois aussi dans les tableaux remplis de petits carrés, les carreaux de faïences du Portugal.

Mais revenons à ses réseaux de lignes, de fils. La plupart du temps, tout ça se croise un peu dans tous les sens et on se demande comment elle arrive à un tel enchevêtrement ! Cela m'a fait penser aux désordre de fils électriques que l'on observe dans certaines villes d'Amérique du sud. Il y a parfois tellement de fils qui passent, s'enroulent et traversent les rues qu'on se demande comment les poteaux tiennent encore debout ! L'électricité semble parcourir des distances phénoménales de fils alors qu'il n'y a que quelques mètres entre deux maisons ! (On le voit également dans les photos de Raymond Depardon)

Les enchevêtrements de Vieira Da Silva me fascinent et je les trouve esthétiquement beaux.

J'ai toujours été fascinée par les fils, les antennes.

Ce qui m'a frappé aussi dans cette exposition ce sont les couleurs. Il n'y a pas à dire : les couleurs sont toujours plus belles et subtiles quand on voit le tableau pour de vrai.

Et les camaïeux de cette peintre sont splendides. En particulier les blancs qui se composent de multiples blancs tous différents à la fois tous gris et lumineux. Il s'en dégage un calme qui vient équilibrer le mouvement de cet imbroglio de fils.

Une image très lumineuse de la ville. C'est très beau.

Que cherchait Vieira Da Silva à travers ce travail ?

Elle dit "Dans ma peinture, on voit cette incertitude, ce labyrinthe terrible. C'est mon ciel ce labyrinthe, mais peut-être qu'au milieu de ce labyrinthe on trouvera une toute petite certitude. C'est peut-être ça que je cherche"

Ses labyrinthes, ses réseaux enchevêtrés ne sont probablement pas que recherche esthétique, recherche d'espace ou de perspective.

Les tableaux de Vieira sont mouvants et tellement vivants.

J'aime l'idée que cet enchevêtrement a peut-être pour objectif de relier les citadins, les humains de ces villes, même si on ne les voit pas réellement. Qu'il a aussi peut-être pour objectif de relier les idées de Vieira pour l'aider à effacer ses doutes et ses incertitudes et mieux comprendre qui elle était.

Je me sens proche de cette artiste et j'aurais vraiment aimé la connaitre.

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Anne Bironneau Anne Bironneau

Les arbres ont une conscience

Depuis quelques années, la recherche en biologie végétale a fait des découvertes spectaculaires sur la façon dont les arbres communiquent entres eux…

Il y a quelques années, j'ai emmené mes élèves pour observer les écorces d'arbre au grandes serres du Parc de la Tête d'Or à Lyon. Un de mes coins préféré. A l'automne, les écorces se détachent et offrent souvent un spectacle abstrait fascinant de couleurs et de textures. L'écorce de l'arbre ressemble à une peau qui s'use et se régénère. Les arbres ressemblent à des humains, vous ne trouvez-pas ?

Des humains qui ne peuvent pas décoller leurs pieds du sol mais qui ont la possibilité de bouger pour résister au vent. D'ailleurs, leurs branches ressemblent souvent à de grands bras tentaculaires.

Qui n'a jamais ressenti une fois au moins la présence d'un arbre ?

Depuis quelques années, la recherche en biologie végétale a fait des découvertes spectaculaires sur la façon dont les arbres communiquent entres eux.

Une expérience menée dans les années 80 a montré que grâce au vent, l'arbre peut prévenir un voisin de la présence de prédateurs en rejetant une substance dans l'air. Et que le voisin ainsi prévenu est alors capable de modifier son feuillage pour le rendre plus toxique.

Plus récemment, les scientifiques ont découverts que les arbres communiquent aussi par le sol à travers un réseau de filaments construit par de microscopiques champignons. Quelle découverte surprenante et passionnante ! Ce réseau souterrain est assez complexe et certains ont osé le baptiser le "wood wide web" !

Certes c'est amusant mais tout de même ! On découvre que les arbres sont capables d'établir des échanges entres eux et hop, on fait un parallèle, avec notre réseau de machines !? Moi, j'aurai préféré un joli mot tout neuf ne faisant référence à rien d'autre que la nature elle-même.

La présence des arbres est fréquente dans mes tableaux. Aujourd'hui je comprend que ce n'est peut-être pas seulement parce qu'il y avait beaucoup d'arbres dans le jardin de mes parents !

Des scientifiques auraient compté plus de 700 sortes de capteurs sensoriels. Apparemment, les arbres nous voient, nous sentent, réagissent à notre présence, ressentent le vent, la température, l'humidité, la lumière. Et le plus fou, c'est qu'ils auraient conscience de leur propre corps ce qui les rend capable de modifier eux-même leurs croissance et de s'adapter à leur environnement.

Je me disais que si j'avais souvent cette sensation d'être observée dans la forêt, c'était à cause de tous ces animaux présents et invisibles. Aujourd'hui je comprend mieux ce qui me pousse parfois à aller caresser le tronc d'un arbre. Je comprends mieux toutes ces fois où je me suis aperçue de la présence d'un arbre comme si il m'avait appelé !

Les arbres ont une conscience. Cela vous étonne ?

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